Homélie du dimanche 16 juillet 2023
Pour parler de l’accueil de sa Parole, Dieu se sert de l’image du sol qui accueille la semence. « Laudato si » est passé par-là pour nous le rappeler.
Ma parole ne reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux : Isaïe compare l’efficacité de la parole de Dieu à celle de l’eau venant du ciel, pluie ou neige, indispensable à la fécondité des semences. Jésus, lui, compare la parole de Dieu à la semence elle-même. Cette parole il l’a semée en pleine terre humaine, dans le cœur des hommes. Le verbe fait chair. L’incarnation place la semence dans le sillon de l’humanité, dans cette terre préparée, labourée hersée par le travail antérieur des prophètes.
Pour enseigner les foules et les faire pénétrer dans les arcanes des mystères d’en-Haut, Jésus utilise des paraboles. D’où la parabole du semeur de ce jour. Le sens général est expliqué par le Seigneur lui-même. Il serait présomptueux de penser pouvoir faire mieux que lui. Ce qui est plus utile, c’est de préciser quelles conditions doit réaliser quelqu’un pour que la parole infaillible de Dieu produise tous ses fruits en lui. Et la parabole du semeur montre justement combien l’impact de la parole de Dieu dépend essentiellement de la qualité de l’écoutant. En effet, les remarques de Jésus sur les sols aux bords du chemin, pierreux, superficiels ou fertiles sont parlantes. Le semeur est bon, la semence est parfaite. Et tout va dépendre de la terre où elle va tomber. Mais les apôtres voient bien que Jésus est presque méconnu sur sa terre (le signe de Jonas, traité de Belzébul) et ils s’interrogent. Aujourd’hui, nous sommes bien obligés de constater que le message de Jésus ne produit pas des merveilles de transformation dans tous les cœurs. Dès lors, puisque les échecs ne tiennent ni au semeur ni à la graine, ils ne peuvent provenir que de la qualité de la terre dans laquelle tombe la parole de Dieu.
À la question des apôtres : pourquoi leur parles-tu en paraboles ? Jésus répond : « A vous il est donné de connaître le mystère du royaume des cieux, mais à ceux-là, non. ». Cette réponse n’est pas à interpréter comme une volonté expresse de Jésus de rendre incompréhensible à la majorité de ses auditeurs le message de Dieu qu’il transmet, ni de penser que son Père aurait décidé de leur fermer la porte du salut et de la laisser ouverte seulement à ses disciples. A ceux-là, il n’est pas donné, parce que, auditeurs se considérant comme des sages et des savants, non libérés de la vanité, de l’esclavage du péché, ils ont déjà fermé les oreilles de leur cœur et se sont rendus imperméables à une vérité que Dieu voulait leur présenter sous un mode très accessible. Autrement, il les aurait guéris ! Mais un médecin ne peut guérir un malade qui refuse de reconnaître sa maladie et de se faire soigner.
« Quant à vous, heureux vos yeux qui voient, heureuses vos oreilles qui entendent ». Les authentiques disciples de Jésus ont les yeux et les oreilles pour percevoir et entendre l’invisible derrière les réalités les plus ordinaires de la vie. Des yeux de foi, des yeux d’espérance qui voient ce que les autres yeux ne voient pas. Car ils sont d’un autre état d’âme : ils sont sans système intellectuel durci, pauvres de cœur, sans privilège à défendre, sans égoïsme à protéger et, prérogative des êtres droits et simples, ils ont le cœur pur, prêts à suivre Jésus aussi ardu que soit le chemin qu’il leur propose. C’est cette disposition de cœur que Jésus loue en eux. Puissions-nous en faisant l’inventaire de ces divers terreaux, ne pas trop vite penser aux autres, mais nous demander sincèrement de quelle terre est fait notre propre cœur ? Des pierres, des ronces… ?
Yves BUREL