Homélie du vendredi saint 2019
Frères et sœurs, hier soir nous étions tout à la joie de contempler Jésus, au milieu de ses apôtres, instituant l’eucharistie et nous rappelant la beauté du service… Et voici que ce soir, en cette nuit printanière, nous célébrons l’étape suivante, le moment le plus douloureux de notre année liturgique : la Passion du Christ, le Fils de Dieu…
Cet après-midi, pour le chemin de croix, j’étais à la résidence Piquepierre de St Martin le Vinoux, avec des personnes âgées, fragiles, dépendantes. Et durant presque toute la célébration, une dame porteuse d’un handicap m’a serré la main avec l’énergie et la foi qu’elle ne pouvait pas exprimer autrement. J’ai été profondément saisi par cette attitude : pour moi, cette femme était le visage de Jésus. Et j’espère l’avoir été aussi pour elle.
Le vendredi saint nous rappelle ce que le Seigneur a fait pour nous, ce don incroyable pour l’humanité, cette promesse de vie, d’amour, d’espérance ; mais il est aussi une invitation à nous donner, à partager, à soulager. Hier soir Jésus nous invitait à revivre l’eucharistie en mémoire de lui, et à nous mettre au service des autres comme lui-même l’avait montré par le lavement des pieds et par toute sa vie. Aujourd’hui, en le suivant durant son arrestation, son procès, son chemin de croix, sa mort et sa mise au tombeau, nous désirons rejoindre toutes les femmes et tous les hommes qui souffrent, qui doutent, qui désespèrent.
Notre foi nous pousse à dépasser les peurs et les larmes, pour proclamer que Jésus a vaincu la mort. Dans cet évènement incroyable, le Christ nous invite à dépasser tout ce qui peut faire mal, tout ce qui blesse, tout ce qui désoriente. Il nous appelle à être compatissants, bienveillants, attentifs.
La foi n’est pas une potion magique ! Elle nous propose d’être acteurs chaque jour, comme Jésus l’a fait. Notre prière, nos célébrations nous ressourcent et nous donnent le goût du partage, du pardon, du soutien.
Alors le vendredi saint ne peut pas rester, dans nos cœurs, une journée triste ! C’est un tel don d’amour qui nous est rappelé, offert, que nous pouvons l’accueillir comme une force neuve pour nos défis, nos engagements, nos responsabilités.
Merci, Jésus, de t’être donné pour nous ! Merci, toi le Fils de Dieu, d’avoir choisi les chemins de l’humilité, du service et de l’amour ! Nous allons suivre la route que tu as tracée, en attendant la joie de célébrer ta résurrection d’entre les morts… Amen.
Alain-Noël Gentil