Homélie du Jeudi Saint 2018
(Exode 12, 1-14 ; Psaume 115 ; 1 Corinthiens 11, 23-26 ; Jean 13, 1-15)
« Vous ferez cela en mémoire de moi… »
Oui, Jésus, c’est ce que nous faisons aujourd’hui, comme tu nous l’as demandé ! Depuis plus de 2000 ans, les chrétiens sont fidèles à chaque fois qu’ils célèbrent l’eucharistie. Nous sommes tellement heureux de faire mémoire du dernier repas que tu as partagé avec tes amis, nous qui sommes tes amis d’aujourd’hui ! « Faire mémoire », c’est beaucoup plus fort que « se souvenir ». Car il s’agit d’un vrai engagement de foi, engagement à vivre pleinement ce que nous célébrons : un passage de la mort à la vie, de la tristesse à la joie, du découragement à l’espérance. A chaque eucharistie, nous accueillons la présence du Christ ressuscité qui refait nos forces, nous appelle à l’amour et nous envoie annoncer cette Bonne Nouvelle !
« Vous ferez cela en mémoire de moi… » Jésus nous propose aussi de faire le lien entre l’eucharistie et le service : en lavant les pieds de ses apôtres, il nous rappelle l’importance de ne pas séparer la prière et l’action , notamment en direction des plus démunis.
C’est aussi la mission de tous les prêtres, dont c’est la fête aujourd’hui. Nous ne sommes pas des superman de la foi, nous ne sommes pas des héros ni des saints. Nous sommes des hommes simples, ordinaires, qui avons accueilli dans notre vie l’extra- ordinaire. Comme les apôtres de Jésus, nous n’avons pas toutes les compétences ni les charismes. Et comme chacun de vous, frères et sœurs, nous avons nos richesses et nos limites, nos atouts et nos failles.
Un prêtre n’est rien sans le Christ, un prêtre n’est rien sans sa famille et ses amis, un prêtre n’est rien sans une communauté vivante qui donne sens à son engagement. Un prêtre ne peut rien sans la prière de ses proches.
Un prêtre est au service de Dieu et de ses frères en humanité : merci de nous le rappeler si nous nous égarons ou si nous l’oublions. Merci aussi de nous encourager lorsque le chemin se fait plus rude et exigeant.
Jésus lui-même a eu besoin d’amis pour accomplir sa mission et tenir jusqu’au bout ce qu’il devait accomplir. Il a pu s’appuyer sur ses apôtres, ses disciples.
Ce soir, je prie en communion avec tous mes frères prêtres : ceux qui vont bien, qui sont heureux et épanouis. Ceux qui sont fatigués, usés, découragés. Ceux qui sont remplis d’enthousiasme et de foi. Ceux qui doutent et s’interrogent. Ceux qui sont entourés, ceux qui se sentent isolés. Ceux qui sont jeunes et dynamiques, ceux qui sont âgés ou malades. Ceux qui font du bien, et ceux qui ont fait du mal.
En ce jeudi saint, accueillons la tendresse du Christ, eucharistie et serviteur ! Amen.
Alain-Noël Gentil