Homélie du dimanche 4 novembre 2018
(Deutéronome 6, 2-6 ; psaume 17 ; Hébreux 7,23-28 ; Marc 12, 28-34)
« Aimer, à perdre la raison, aimer, à ne savoir que dire… » Ce refrain de Jean Ferrat exprime ce que nous ressentons souvent lorsque nous aimons. Cet élan du cœur, cette passion que nous pensons incontrôlable est très belle, et nous fait souvent vibrer en profondeur. Mais les paroles du poète, aussi belles soient-elles, sont en deçà de ce que Jésus nous dit dans l’Evangile de ce jour. Car le Christ, lorsqu’il répond au scribe, ne se contente pas d’évoquer l’amour-sentiment. Jésus affirme au contraire que l’amour de Dieu et l’amour de nos frères ne peuvent pas être une « perte de raison ». Au contraire, il s’agit de mettre en œuvre, plus que la seule sensibilité, d’autres vertus : la volonté, la confiance, l’espérance, l’intelligence sont des ingrédients essentiels pour grandir et faire grandir.
D’ailleurs, il en va de même pour notre foi : celle-ci ne peut pas être qu’un sentiment plus ou moins diffus, qui échapperait à notre contrôle et à notre désir profond. Aimer, comme croire, appelle un choix, un engagement, une promesse. Jésus nous l’a montré en allant jusqu’au bout de l’amour, jusqu’à sa mort sur la croix et sa résurrection. Si son amour des hommes n’avait été que sentimental, il n’aurait pas connu un achèvement aussi beau et aussi parfait !
Aimer, c’est notre raison d’être ; être aimé est tout autant essentiel pour vivre. Ce que nous expérimentons dans nos relations humaines, le Seigneur nous invite à le découvrir également dans notre lien à Dieu. Aimer engage l’intégralité de notre être. Aimer suppose une adhésion du cœur, de l’intelligence, du courage, de la persévérance, de la fidélité. Aimer est un cadeau, une chance, une grâce. Aimer est une vertu qui s’entretient, se nourrit, comme le fait de croire.
Les jeunes de notre diocèse qui sont rassemblés à Grenoble pour le festival « Effata » en font l’expérience, durant leurs vacances de la Toussaint. Et lors de notre fête paroissiale de la St Martin, le 11 novembre, nous le vivrons tous ensemble, en nous rappelant qu’il est beau de répondre « oui » à l’appel du Christ dans notre vie quotidienne.
Jésus nous promet que l’amour rend heureux. Que l’amour libère. Que l’amour de Dieu et l’amour du frère sont indissociables. Que la prière peut nourrir en profondeur le désir d’aimer.
Que cette certitude, forte et durable, anime nos vies. Que la joie de croire et d’aimer transfigure nos existences. Puisqu’il n’y a rien de plus grand que l’amour, que notre foi nous conduise sur ce chemin ! Amen.
Alain-Noël Gentil